En septembre 1936, 41 personnes composaient l’expédition.
Après le naufrage, 22 corps identifiés ont été retrouvés. On dénombre 18 disparus en mer et un seul rescapé : Eugène Gonidec.
Plus tard, la mer rendra deux autres corps : le commandant Joseph Guillaume Le Conniat et le quartier-maître fourrier Gabriel Seven. Leurs corps furent rapatriés en France en septembre 1937.
Dans le cimetière de Reykjavik, neuf tombes ont été dressées à la mémoire des corps retrouvés mais non identifiés. Sur chacune d’elles figure l’épitaphe suivante : « Un naufragé du Pourquoi-Pas ? – 16 septembre 1936 ». Il resterait sept corps que la mer n’aurait pas rendus.
En septembre 1936, 41 personnes composaient l’expédition.
Après le naufrage, 22 corps identifiés ont été retrouvés. On dénombre 18 disparus en mer et un seul rescapé : Eugène Gonidec.
Plus tard, la mer rendra deux autres corps : le commandant Joseph Guillaume Le Conniat et le quartier-maître fourrier Gabriel Seven. Leurs corps furent rapatriés en France en septembre 1937.
Dans le cimetière de Reykjavik, neuf tombes ont été dressées à la mémoire des corps retrouvés mais non identifiés. Sur chacune d’elles figure l’épitaphe suivante : « Un naufragé du Pourquoi-Pas ? – 16 septembre 1936 ». Il resterait sept corps que la mer n’aurait pas rendus.
C’était le 15 septembre, à 13 heures. Il faisait beau. La mer était calme. Le ciel était clair. Le Pourquoi-Pas ? levait l’ancre dans la baie de Reykjavik et les marins étaient heureux de rentrer en France.
Il navigue vers l’Est pour sortir de l’immense golfe au fond duquel est Reykjavik. Tout va bien à bord, lorsque vers 16 heures, le vent se met à fraîchir et le temps commence à se « boucher ». En même temps le baromètre « tombe à pic ». C’est le signe qui ne trompe aucun marin ; après une courte délibération avec Charcot, le commandant Le Conniat ordonne de virer de bord et mettre le cap sur Reykjavik, qu’on espère atteindre avant qu’éclate l’ouragan.
Le grain qui arrive se révèle aussitôt d’une violence inouïe. D’heure en heure, le vent s’accroît et la mer se démonte davantage.
La nuit vient. La mer est maintenant en furie. Les vagues bousculent et écrasent le navire qu’elles balaient sans arrêt. Le vent souffle en force. Mais nul à bord n’a de crainte. On aperçoit, à 14 miles dans l’est, le feu de l’entrée de la baie de Reykjavik : encore une heure et demie ou deux d’efforts et l’on sera à l’abri.
D’ailleurs, le Pourquoi-Pas ? n’est pas le seul dans cette affreuse tempête : vers 2 heures du matin n’a-t-il pas failli heurter un chalutier, luttant lui aussi de toutes ses forces pour fuir le danger ? Mais on n’avance guère vers le but. Il est 4 heures. On devrait être depuis longtemps au mouillage. On en est loin. La « dérive » est telle que la machine du navire ne peut pas lutter contre elle. Le Pourquoi-Pas ? navigue avec peine et n’arrive pas à rallier le port. La tempête le pousse irrésistiblement vers le nord-est et Reykjavik est déjà loin derrière à tribord.
À 4h30 le drame se précise. Un coup de vent plus violent que les autres abat la flèche d’artimon, brisant l’antenne de T.S.F. Le navire est séparé du monde. Un jour blafard s’annonce. Les marins devinent plus qu’ils n’aperçoivent, dans l’est, la ligne de la côte. Le danger, ils le sentent maintenant rôder autour d’eux. La mer n’est faite que de vertigineuses montagnes d’écume.
Soudain un choc terrible ébranle le navire qui frémit tout entier. On vient de « talonner » sur les brisants. Le Pourquoi-Pas ? ne s’est pas ouvert ; il n’a pas de voie d’eau. Mais sa chaudière a « fusé ». Elle est inutilisable et, désormais, le navire ne peut même plus opposer sa force à celle du courant irrésistible.
Le Pourquoi-Pas ? n’est plus qu’une épave, jouet des flots en furie.
Il faut se tenir prêt à tout. Le commandant Le Conniat ordonne que chacun revête sa ceinture de sauvetage et qu’on se prépare à lancer les canots de sauvetage à la mer. Les canots ? Que pourront-ils bien faire dans cet enfer bouillonnant et déchaîné ?
Dans ces moments suprêmes tout l’équipage est magnifique de cran et de sang-froid. « Pas un cri, pas un mot. On n’entendait que la voix du commandant hurlant ses ordres dans le porte-voix. Et nous obéissions comme au port… » dira plus tard Eugène Gonidec, seul rescapé du naufrage. Quant aux chefs, ils étaient dignes de cet équipage. « Sur la passerelle, il y avait trois hommes debout, calmes. On aurait dit qu’ils méprisaient le danger : Charcot, le commandant Le Conniat et le maître principal pilote Floury. Ils étaient tranquilles à leur poste… ». Et comme Gonidec était près de la passerelle, il entendit Charcot s’écrier : « Oh ! les pauvres enfants !… » Ainsi, devant la mort, c’est à son équipage qu’il songeait !
À 5h45, le Pourquoi-Pas ? s’échoua définitivement après avoir « talonné » plusieurs fois. Les marins du Pourquoi-Pas ? étaient séparés par la mer en furie, déchiquetée par les brisants. Cinq minutes après s’être échoué, le navire donnait de la bande et s’enfonçait par l’arrière. Il fallait le quitter sous peine d’être englouti avec lui. Un cri, un ordre, le dernier, traverse le vent : « Sauve qui peut ! … » C’est le commandant Le Conniat qui vient de le lancer.
Déjà les canots ont été projetés en l’air comme des bouchons par les vagues qui les ont fait éclater. Déjà Gonidec voit nager plusieurs de ses camarades vers la côte qu’ils n’atteindront pas. II vit une dernière fois Charcot. Ce fut du sommet d’une vague monstrueuse qu’il aperçut, tout près de lui encore le Pourquoi-Pas ? ; sur la dunette, Charcot, le commandant Le Conniat et le maître principal pilote Floury n’avaient pas bougé de place. Aucun n’avait de ceinture de sauvetage et Charcot avait gardé ses bottes. De toute évidence ils avaient décidé de ne pas quitter leur bateau et de couler avec lui – en marins.
Vers 9 heures, transi de froid, à demi mort de fatigue, presque inconscient, Gonidec fut retiré de l’eau par les bras vigoureux d’un pêcheur de Stranlfjord. Et deux heures plus tard, exténué et désespéré, il pouvait encore apercevoir, malgré ses yeux brûlés de sel, émergeant de la mer écumante, la pointe du grand mât du Pourquoi-Pas ? comme un dernier adieu. Sur place, des chalutiers islandais patrouillaient, mais en vain. Il était trop tard. Ainsi périrent en mer le Pourquoi-Pas ?, navire légendaire des océans glaciaux et son équipage d’héroïques marins, le 16 septembre 1936.
Source : d’après un article de la revue L’Illustration du 26 septembre 1936
Liste des 9 corps retrouvés mais non identifiés et des 7 non retrouvés :
Charles Le Guen
Premier maître de manœuvre de l’île de Batz
Pierre Floury
Premier maître pilote de Pontrieux
C. Jacquiert
Naturaliste
Nemours Larronde
Bibliothécaire de la Société de géographie
Olivier Cabon
Maître timonier de Plouégat
François Pochic
Quartier-maître de manœuvre de Plouhinec
Auguste Esnoux
Quartier-maître de manoeuvre
André Le Chevanton
Quartier-maître de manœuvre de La Roche-en-Plouguiel
Louis Cordier
Quartier-maître de manœuvre de l’île de Batz
Michel Perherin
Quartier-maître timonier de Cap-Sizun
Jean Vigne
Quartier-maître radiotélégraphiste de Minihic-en-Pléneuf
Georges Baudet
Quartier-maître radiotélégraphiste des Basses-Pyrénées
Jean-Marie
Guillou, quartier-maître chauffeur de Cap-Sizun
Jacques Kervella
Matelot cuisinier de Landernau
Henri Raoul
Matelot sans spécialité de Lanvian
J. Burte
Maître civil de manœuvre.
Liste des 24 corps retrouvés et identifiés :
Jean-Baptiste Charcot
Commandant honoraire, chef de mission
Joseph Guillaume Le Conniat
Commandant du Pourquoi-Pas ? de Paimpol
Emile Bastien
1er maître mécanicien de Cherbourg
Raymond Renault
Quartier-maître de manœuvre de Minihic-sur-Rance
Françis Le Person
Quartier-maître de manœuvre de Pleslin
François Brochu
Quartier-maître de manœuvre de La Lyonnaise en Pleslin
Auguste Bougeard
Quartier-maître de manœuvre de Saint-Laurent-en-Pleslin
Jean Mahé
Quartier-maître timonier de Moëlan
Jean Billy
Quartier-maître électricien de Saint-Servan
André Péron
Quartier-maître mécanicien de Lorient
Yves Piriou
Quartier-maître mécanicien de Pontrieux
François Nicolas
Quartier maître mécanicien de Plouguiel
Joseph Le Menn
Quartier-maître chauffeur du Folgoët
René Vaucelle
Quartier-maître chauffeur de Morlang en Hirel
Gabriel Seven
Quartier-maître fourrier de Penmarc’h
Gaston Malesieux
Quartier-maître boulanger de Landévennec
Aristide Simon
Quartier-maître cuisinier de Bacoual
Désiré Even
Quartier maître d’hôtel de Pleubian
François Le Bris
Matelot charpentier de Camaret
François Jaouen
Matelot sans spécialité de Lanriec
Antoine Stéphan
Matelot sans spécialité du Guilvinec
Docteur M. Parat
Naturaliste
Joseph Devaux
Physicien
Jean Badeuil
Peintre et cinéaste